Partager la publication "Les bâches de paillage, entre innovation et compromis douteux"
Une bâche de paillage doit répondre à un certains nombres de critères pour être considérée comme viable dans un procès d’exploitation en milieu naturel ou urbain. En premier lieu elle ne doit pas être nocive pour l’environnement, facilement applicable et permettre le bon développement du végétal tout en limitant l’entretien de l’espace qu’elle est sensé protéger. S’il est reconnu que ce paillage coupe la photosynthèse et limite réellement la pousse d’adventice, quid des autres caractéristiques avec entre autre son interaction avec le milieu ?
Depuis les années 2000 la toile de paillage biodégradable à fait une apparition remarquée dans les milieux agricoles, horticoles et espaces verts européens en générale.
Des études menées par plusieurs laboratoires ont mis en lumières leur réel impact sur l’environnement. Ces produits constitués de « polyéthylène additive », n’ont rien de biodégradable. Ils sont « fragmentable ». On les définis comme « oxo-dégradables », « oxo biodégradables » ou encore « oxo-fragmentables ». Ces emballages sont fabriqués à partir de polymères auxquels sont ajoutés des additifs oxydants minéraux favorisant leur dégradation en morceaux plus petits (même invisibles à l’œil nu). Le résidu restant de la décomposition est lui bien réel et non dégradé. Ainsi c’est une certaine quantité non négligeable de produits qui reste dans la terre. Malgré cela ces toiles n’ont pas été interdite et sous couvert d’études » plus ou moins douteuse, les fabricants ont continué à inonder le marché.
En 2005 Suite à des études entre autre conduite par l’Ademe en France et d’autres organismes internationaux, les premières normes Française et européenne entre en vigueur définissant un cadre légal minimum auquel les produits plastique dit biodégradable doivent répondre. Les normes NFU 52001 et EN 13432 définissent si oui ou non un matériau biodégradable est enfouissable dans le sol ou (et) compostable en conditions industrielles. Ces normes ont eu dans un premier temps un effet limité. En effet, les recherches scientifiques restant encore balbutiante à trouver des solutions alternatives viables. Certains produits ont continué à être commercialisés malgré de forte présomption de non-conformité réelle. Beaucoup d’études ont été menés jusque dans les années 2010 et après, afin de comprendre l’impact des matériaux dit conformes aux normes établis. Souvent elles aboutissaient aux mêmes conclusions démontrant que la recherche en la matière restait encore trop insuffisante. Insuffisante dans la réalité de la biodégradation mais également en matière de moyens et ressources (eau, combustible etc.) consommé pour produire ces matériaux. Cet état de fait à également permis le développement de différents labels permettant de faire un tri dans les différents matériaux et leur modes de productions.
Il est indéniable que ce sont l’ensemble de ces recherches qui ont permis la création des bio-polymères. Les bio-polymères sont des polymères issus de la biomasse, c’est-à-dire : »produits par des êtres vivants (végétaux, algues, animaux, fongiques…) ». La cellulose et l’amidon par exemple sont des polysaccharides et sont d’origine végétale. Ce matériel est lui considéré comme réellement novateur et intégrable dans un cycle production consommation recyclage ou compostage voir dégradation in situe. C’est aujourd’hui vers se développement que tendent un grand nombre de laboratoires de recherche.
En 2015 L’INRA publiait un cahier de l’innovation et recherche sur les bio-polymères. Ce document met en avant les nouvelles orientations de recherches, les nouveaux partenariats engagés dans le domaine, mais également les dernières avancées en la matière. Entre autre réussite, un procédé breveté de fractionnement par voie sèche de la biomasse végétale pour contribuer à produire des bioproduits dans une perspective d’éco-conception en consommant moins d’énergie, sans solvant ni réactifs chimiques et sans générer d’effluents à produire.
Le dernier point restant en suspens, est qu’en est-il de l’absorption de ces produits après dégradation, les plantes ornementale elles ne s’en plaindront surement pas et nous non plus dans la mesure où nous ne les consommons pas. En production agricole alimentaire toutefois la question reste ouverte, aujourd’hui le recule et le nombres d’études sont encore trop insuffisantes pour se faire une réel opinion.
Malgré cela Il est important de souligner l’arrivée prochaine sur le marché de produit qui semble plus compatible avec une démarche écologique. Satisfaisant ainsi l’ensemble des conditions nécessaire à leur intégration dans un cycle d’exploitation vertueux. A condition de les utiliser correctement. Il ne faut pas oublier de prendre en considération leur mode de dégradation et de ne pas se passer d’une bonne préparation de la terre que l’on va enfermer pendant quelques année sous ces toiles pas complètement perméable. Mais n’oublions pas le principal. Limiter le développement d’adventice et l’entretien, ne doit pas être synonyme de terre appauvrie, tassée ou macérant dans son jus. Cela ne doit pas non plus limiter le développement de la petite faune pour cause de manque d’échange air – eau et dépôt de matières organiques, servant à la constitution d’une couche d’humus. Alors la question qui doit être posée avant chaque pose de bâche est : Est-ce vraiment souhaitable ? Entretenir une terre par de bonnes pratiques est au final souvent moins difficile et plus bénéfique que de remplacer des mètres cube de terre pauvre, en perpétuant le cycle de couverture du sol.
En conclusion, je dirais que pour nos emballage et produits de consommation courante, le progrès est surement salutaire face à nos plastiques issus de la chimie du pétrole. Maintenant je pense qu’il faille attendre encore un peu que la technologie du paillage en bio polymère résolve l’ensemble des considérations nécessaires pour le rendre réellement bio-Acceptable par l’environnement.
Source :
• Environnement : Ce plastique faussement biodégradable
environnement – par Pierre Feuilloley dans mensuel n°374 daté avril 2004 à la page 52 (1312 mots) | Gratuit
• CHAMBRE d’AGRICULTURE MORBIHAN
Evaluation de l’accumulation de résidus de polymères dans les sols
http://www.synagri.com/
• Ademe – Biodégradabilité et matériaux polymères biodégradables Note de synthèse I
http://www.ademe.fr/biodegradabilite-materiaux-polymeres-biodegradables-note-synthese-i
• Ademe – IDENTIFICATION DES GISEMENTS ET VALORISATION DES MATERIAUX BIOSOURCES EN FIN DE VIE EN France
http://www.ademe.fr/identification-gisements-valorisation-materiaux-biosources-fin-vie-france
• Institut pour le Développement Forestier-ASF2006_1-54.pdf
Evaluation de produits de paillage biodégradables pour l’entretien des plants ligneux en végétalisation de dépendance autoroutière ASF
http://www.pirinoble.eu/fr/cv/ASF_2006-08_RDT.pdf
• INRA – Biopolymères Interactions Assemblages
https://inra-dam-front-resources-cdn.brainsonic.com/ressources/afile/249391-f56da-resource-fiche-unite-bia-2014.html
• INRA – RecheRches et innovations ReseaRch & InnovatIon PouR l’aliment et les bioPRoduits – FoR Food & BIoBased PRoducts
https://inra-dam-front-resources-cdn.brainsonic.com/ressources/afile/350390-54993-resource-recherches-et-innovations-2016-pour-l-aliment-et-les-bioproduits-cepia-inra.pdf
• Rencontres Nationales de la Haie et de l’Arbre Champêtre en Poitou-Charente
Synthèse d’essais de paillage des plantations de haies et d’arbres.
http://www.promhaies.net/wp-content/uploads/2012/07/synthese_paillages.pdf
• Les normes NFU 52001 et EN 13432 Publié le jeudi 26 juillet 2012 16:54 Affichages : 3188
http://serpbio.fr/serpaid/faqs-biodegradabilite/46-les-normes-nfu-52001-et-en-13432