Le lézard des murailles, un auxiliaire bien chahuté.

Vous avez dit Podarcis muralis ?

Le lézard des murailles ou « Podarcis muralis » est sans doute le plus commun des quatorze espèces répertoriées en France.
Il est un des plus banals de nos auxiliaires au jardin. Mais pour autant il est aussi bien mal connu. Quelle est son utilité ? Que mange-t-il ? Où vit-il et combien de temps ? Qui le mange ?

Si vous arrivez à répondre à ces quelques questions c’est que vous vous êtes déjà penché sur notre petit saurien. Mais il est toujours bon de se rafraîchir la mémoire.

Durée de vie moyenne dix années. Monsieur mesure 7 à 8cm de long sans la queue et peut atteindre 20cm avec. Madame est plus terne et plus petite que lui, en général 18 cm avec la queue. Tous les deux sont relativement plats.Leur corps est paré de bandes longitudinales noires ou grises, parfois teintées de jaune orangé, bleu et beige. Sa tête est marquée par les mêmes bandes en prolongement et plus de vingt écailles au niveau temporales dont une, dite massétériique, sombre voire noire. Sa gorge est blanche. Son épaule est généralement marquée d’une petite tache également noire. Ses pattes et sa queue tachetées de beige clair. Ses cousins les plus proches avec qui on le confond parfois sont le Lézard « Catalan » Podarcis Liolepis et le Zootoca vivipara, le lézard vivipare. Mais aucun n’arbore les même lignes sombres autour de la mandibule.

Les présentations sont faites. Sachez que Podarcis muralis est protégé (Amphibien et Reptile protégé (Article 1), Convention de Berne (Annexe 2), Directive Habitats-Faune-Flore (Annexe 4)) Mais la préoccupation du danger que court son espèce est mineure en France, en Europe et pour les institutions de conservation internationales aussi. Mais il est protégé ! Alors le hochet préféré de nos chats n’aurait-il pas droit à un peu plus d’attention de notre part ?

Soyons de bons hôtes.

En premier lieu pour la chambre. Il n’est pas trop difficile, pour peu qu’elle soit sombre, à l’abri des prédateurs et des infiltrations. Un terrier, un muret de pierre, un tas de cailloux, un tas de bois font très bien l’affaire. Une terrasse exposée plein soleil est indispensable. Pour les repas, de petits arthropodes seront excellents. Insectes, araignées, mille-pattes tout cela est bon. La chambre sera occupée pleinement dès les premiers frimas de fin d’automne jusqu’à la fin de l’hiver.

Le reste de l’année notre lézard est très actif durant la journée. Sauf quand il prend son bain de soleil pour se réchauffer. Obligatoire pour un animal à sang froid. Pour le renouvellement de l’espèce en tout bon ovipare qu’il est, tout commence en avril. Mme pond jusqu’à 10 œufs et ce possiblement trois fois par an selon la région et son climat. Plus la période chaude est longue, plus longtemps il y aura de pontes. Une forte reproduction est aussi un des signes d’une grande prédation. Nombreux sont ceux qui le mettent à leur menu.

La chaine alimentaire de bon nombre d’espèces inclue le lézard. Ainsi Les rapaces chassant de jour, les corvidés comme les pies, les corneilles ou les hérons sont avides de lézards. Mais aussi les rats, les hérissons, l’hermine, la belette, le renard et même le blaireau mangent volontiers leur part de lézards. Quelques cachettes de ci de là seront utiles à sa protection.

Quelques astuces, si vous n’avez pas de muret adéquat chez vous.

Faites un tas de belles pierres, bien garni, avec suffisamment d’anfractuosités et pas trop de petit cailloux. L’ensemble posé sur une couche de sable pas trop fin, bien exposé sud. C’est un habitat simple mais très apprécié. Ensuite placer en son sommet une belle pierre plate. Pour la soif une coupelle pas trop profonde fera l’affaire. Installez là à proximité du tas de cailloux légèrement enfoncée dans le sol pour faciliter l’accès. Elle servira pour tous les habitats proches. Sachez que si le lézard croque dans vos légumes comme les tomates, c’est qu’il a soif alors n’hésitez pas à remplir régulièrement les abreuvoirs du jardin.

Pour conclure

Vous l’aurez compris le lézard a toute sa place dans nos espaces verts. Qu’ils soient naturels ou plus horticoles. Prendre soin de lui c’est prendre soin d’une part de tout un écosystème plus complexe que l’on ne l’imagine pas toujours. Avoir des lézards au jardin c’est donc limiter et équilibrer la prolifération de certains insectes. Mais c’est aussi compléter le menu du hérisson qui passe ou habite chez vous.Et surtout pas de produit biocide, même naturel !!

 

Pour en savoir un peu plus :

biodiv-paysdelaloire: http://www.biodiv-paysdelaloire.fr/espece/186286
inpn: https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/77756/tab/fiche
inpn: https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/79278
conservation-nature: http://www.conservation-nature.fr/statut-Podarcis%20muralis.html
lashf: http://lashf.org/wp-content/uploads/2016/06/Liste_AR_metro_180131.pdf
uicn: https://uicn.fr/wp-content/uploads/2015/09/Tableau_Liste_rouge_Reptiles_de_France_metropolitaine.pdf
Atlas des Amphibiens et Reptiles d’Aquitaine: https://cdnfiles1.biolovision.net/www.faune-aquitaine.org/userfiles/Fichestechniques/NotePodarcislgt.pdf
Atlas des Amphibiens et Reptiles d’Aquitaine: https://cdnfiles1.biolovision.net/www.faune-lr.org/userfiles/AideIdentification/Podarcismuralisliolepis.pdf