Dois-je nourrir le hérisson ou les oiseaux sauvages ?

Je nourris, tu nourris..

Dois-je nourrir le hérisson ou les oiseaux sauvages ? La question se pose souvent, mais pour autant il n’est pas toujours simple d’y répondre. Car cela dépend. De quoi ? Du contexte bien sûr.

Prenons deux exemples. Les oiseaux sauvages (dit du ciel) et le hérisson. Il est toujours agréable de les voir les uns comme les autres dans le jardin, sous nos fenêtres. Nous leur donnons de l’eau et à manger pour qu’ils ne manquent de rien et restent à proximité. Ainsi nous espérons également faire une bonne action pour les garder vivant et nous sommes convaincu d’aider la nature. Mais est-ce judicieux ?

Nourrir or not nourrir les oiseaux du ciel ?

Le nourrissage des oiseaux est dans certain pays comme l’Angleterre presque une religion. En France la pratique augmente chaque année. Mais comme ailleurs nous entendons de plus en plus souvent dire qu’il ne faut pas nourrir les oiseaux toute l’année. Ne commencer que sur les premiers froids et arrêter en fin d’hiver, afin de limiter leur dépendance à notre manne nutritionnelle. Nourrir trop longtemps a un impact sur la capacité d’un animal à se nourrir par ses propres moyens, pire, il a été constaté que les juvéniles eux même était « pervertis » dans leur apprentissage. Influençant l’avenir et le comportement de toute une population. C’est une information partiellement juste.

Faciliter la survie de tous ne permet pas d’éliminer naturellement les éléments faibles. Des mâles en mauvaise santé ou de mauvaise constitution ne font pas de bons reproducteurs pour une espèce. L’hiver a souvent raison de leur survie. Mais en maintenant toute une population sous perfusion alimentaire permet à ces sujets de survivre. Lorsque ces « mauvais » reproducteurs sont choisis par certaines femelles. Malheureusement il en résulte souvent des couvées qui n’arrivent pas à terme, car peu vigoureuse (hérédité paternelle). La femelle n’ayant plus le temps ou la capacité de trouver un autre reproducteur, c’est une partie des nouvelles générations qui disparait.

Cet effet est malheureusement répété d’année en année. Chaque fois, c’est un nouvel affaiblissement de la population qui est constaté. D’autres études démontrent également aujourd’hui qu’un mauvais nourrissage des oiseaux a un impact rapide sur la modification génétique de certaines populations comme la mésange. Avec notamment un allongement de leur bec.(Liens en bas de page)

Le Hérisson n’est pas en reste.

Le hérisson subit lui aussi quelques dommages collatéraux. La ville ou la campagne n’est plus un paradis pour lui. Produits phytopharmaceutiques, véhicules, cloisonnement des parcelles ont raison de sa survie et mettent en péril ces espèces (car il n’y a pas qu’une espèce de hérisson). Alors comme il est « mignon » et utile au jardin, nombreux sont ceux qui désirent l’aider et le voir rester dans leur espace vert.  Le premier réflexe est souvent de lui offrir le gîte et le couvert.

Cela tombe bien ce mammifère est un « opportuniste » qui ne crache pas sur les gâteries. Comme nous, Il a un penchant pour le sucre et le sel. Deux éléments que l’on retrouve dans la plupart des préparations alimentaire humaine ou animal. Ce qui arrive donc souvent est que l’on nourrisse le hérisson avec des aliments inadaptés comme le pain, le lait de vache, les croquettes ou pâtés pour chats et chien. Le lait de vache et le pain tus le hérisson aussi sûrement que du poison. Les croquettes et pâtés à faible dose ne le tueront pas et même parfois lui sauverons la vie lorsqu’il sera sous alimenté. J’entends déjà que non ce ne sont pas de mauvais aliments et qu’ils sont même souvent recommandés.

De la nuance..

Tout est question là encore de mesure et contexte. Donner de temps en temps deux trois croquettes à un hérisson pour le soutenir ou l’alimenter en permanence comme un animal domestique sont deux mesures différentes. L’impact n’est donc pas le même non plus.  Comme expliqué, le sel et le sucre font parties des préparations alimentaires pour nos animaux, ils en ont besoin pour leur métabolisme. Malgré cela le sel utilisé comme conservateur dans les croquettes est souvent pointé du doigt comme facteur de dérèglement et maladie rénale chez les chiens et chats.

Le hérisson lui aussi ingère du sel parfois en bonne quantité à travers ces aliments « naturels », mais son système de gestion du sodium, de sa rétention d’eau et son cycle d’hivernage n’est pas le même que nos chiens et chats. Il ne faut donc pas se laisser aller au nourrissage fréquent et abondant.  Sur le long terme, remplacer le bol alimentaire varié du hérisson par un menu spécifique trop riche et qui ne lui est pas destiné à l’origine aura raison de sa santé voir de sa vie. Pour exemple, un hérisson trop gras aura des difficultés à se mettre en boule. Rappelons que la boule hirsute est son meilleur système de protection…

Bol alimentaire et rations

« D’après Obrtel et Holisova (1981) l’alimentation du hérisson en Europe est constituée majoritairement de Julus terrestris (millepattes) à hauteur de 40% des proies ingérées, puis viennent les hyménoptères à hauteur de 17,7% (dont 14,9% de Lasius sp. (fourmis) et 2,6% d’abeilles). Enfin, par ordre de fréquence, des scarabées (17,2%), des hétéroptères, des lépidoptères, des araignées sont consommées. L’ingestion de végétaux pourtant présents dans l’alimentation du hérisson n’ont pas été quantifiés ni identifiés dans cette étude. Les trois espèces les plus fréquemment observées sont le millepatte (40,0%), Forticula
auricularia (perce-oreille) (12,8%) et de fourmis (10,9%). A eux 3, ils forment 63,7% des proies ingérées (Obrtel et Holisova, 1981).  »

Vous voulez aider un hérisson adulte, le soutenir alimentairement, mais temporairement la recette de cuisine peut être la suivante : Une ration de vers de compost ou de vers de farine vivant 20 g + 65 g de viande de bœuf ou volaille + des fruits et légumes comme des morceaux de pomme ou carotte 15 à 20 g.

Une dernière chose sur le hérisson. Une distance moyenne de 500 m a été observé entre la zone de nidification et le territoire de chasse alimentaire. Donc à moins d’avoir un grand terrain permettant cela. Si un hérisson dors chez vous, il mange ailleurs et si vous le croisé la nuit en train de fouiner dans les herbes chez vous, surement niche-t-il ailleurs. Le hérisson s’approprie en moyenne un territoire de 2 à 3 Km².Il ne peut être considéré comme un animal domestique. De plus la réglementation vous interdit de le traiter comme tel. Un animal en danger de mort imminent pour déshydratation ou mal nutrition aura besoin de soins et de suivis. Si vous trouvez un hérisson mal en point, appeler un vétérinaire ou un centre d’accueil pour hérisson. (infos en fin d’article).

Pour conclure

Je plante des végétaux qui nourrirons les animaux durant l’hiver. Je paille mes plates bande pour garder plein de vers de litière. J’installe des abris à insectes pour assurer la chaine alimentaire des animaux.
Le hérisson pour rappel est une espèce parapluie.

Si toutefois je ne peux me convaincre d’arrêter de nourrir les oiseaux du ciel, je limite mes actions. Je ne donne que des graines locales entières et adaptées aux espèces d’oiseaux environnants. Chez nous du Lin, blé, triticale, tournesol non décortiqué feront bien l’affaire. Je crée également le manque. Une à deux poignées de graines par semaine durant toute la saison froide est largement suffisant comme béquille. Ce n’est pas consommations à volonté !!  Entre deux rations, j’oblige l’oiseau à parcourir son territoire pour trouver d’autres graines ( elle de mes plantes et arbustes par exemple).

Et toujours :

Je n’utilise pas de produit dangereux pour mon écosystème même s’il est dit « Bio ». Bio ne veut pas dire sans danger pour l’écosystème. Le sulfate de fer ou l’huile de neem son naturel, mais quoi que l’on en dise ce sont des toxiques ayant une action de déshydratations pour l’un, insecticide et perturbateur endocrinien pour l’autre. À plus ou moins long terme quels effets ses produits vont ils avoir sur notre petite faune ?

La règle autour du nourrissage est finalement assez simple. Je ne nourris pas la faune sauvage au quotidien, mais je l’aide ponctuellement en cas de besoin impérieux et je fais appel à un organisme spécialisé pour me conseiller ou prendre le relais.

Pour aller plus loin – (sources) :

En cas de besoin pour un hérisson en détresse :