Guerilla Gardening, jeu de guerre ?

Une forme de lutte

La « Guerilla Gardening » (Guérilla jardinière) est issue d’une réflexion sur le développement de la lutte écologiste. Ce mouvement politique prône la réappropriation de l’espace public urbain par la re-végétalisation (friches, zones industrielles, espaces verts). Derrière ces actions, sont mis en avant la lutte contre la marchandisation du végétal, la stérilisation des surfaces urbaines, la reconquête de la biodiversité, retrouver les gestes nourriciers et bien d’autres idées plus ou moins politiquement engagées.

Si le mouvement se veut pacifiste, il n’en joue pas moins sur un terme guerrier. Une méthode d’action empruntée aux francs-tireurs espagnols de 1809 et généralisée en Amérique latine. Il s’agit de petit groupe ou individu isolé mobile, qui lance des attaques rapides, régulières sur de grandes superficies de territoire, se positionnant ainsi à l’opposé de la guerre de masse et compacte.

Planter n’est pas joué

Ici il s’agit bien d’un combat qui est mené, mais avec pour armes, les idées, et pour munitions des conteneurs à graines. L’origine des « Seedballs » serait à attribuer aux Amérindiens. C’est le Microbiologiste « Masanobu Fukuoka » qui a repensé la façon de concevoir ces « balles à graines ». L’objectif étant de résoudre un problème de culture du riz. Cette méthode s’est révélée si efficace qu’elle fut réutilisée dans le monde entier pour la réimplantation de cultures dans des milieux divers et variés sans apport d’engrais. Mais si le principe de vouloir fleurir ou planter des plantes potagères dans le tiers paysage peut sembler inoffensif et louable, qu’en est-il réellement, est-ce vraiment aussi simple et sans danger qu’il y parait ?

Il est aisé de trouver des articles et autres tutoriels vous expliquant comment procéder pour réaliser vos propres munitions (Bombe à graines). Mais peu nombreux sont les sites expliquant le danger que représente la dissémination de graines inadaptées au futur milieu de dispersion. Que vous habitiez à Paris, New York, Tokyo, Rio ou Sidney, le biotope et la biocénose sont différents. Le développement des végétaux sera donc potentiellement différent. Une plante adaptée à un milieu peut dans un autre contexte devenir au mieux discrète, au pire invasive. L’effet obtenu peu donc être rapidement un problème engendrant des contraintes de gestion environnementale énorme.

Les limites

Sur un autre plan, comment concilier ces actions avec le développement de la « gestion différenciée » ou le « VegDud ». Si l’un laisse se développer des espaces où les banques de graines indigènes peuvent s’exprimer et si l’autre y introduit des semences inadaptée. Certaines villes comme Nantes ont mis en place un programme de fleurissement des rues « Ma-Rue-En-Fleurs ». Cela permet le développement de la culture urbaine dans des lieux publics. Certes ce n’est pas encore un standard et beaucoup d’autres communes en sont encore loin. Oui ce n’est pas parfait, mais c’est un début. Les graines sélectionnées et distribuées gratuitement ne sont pas toutes indigènes, mais elles ne représentent pas aujourd’hui une menace pour la biocénose de la région nantaise.

Alors la reconquête de l’espace public par les citoyens est un droit. Savoir en prendre soin, l’entretenir et éviter que cela ne génère d’autres problèmes est également un devoir. Cette action politique peut avoir ses bons côtés, mais il persiste l’idée que n’importe quel individu avec les meilleurs raisons du monde peut lâcher des « bombes » avec pour résultats l’effet inverse que celui souhaité.  D’autre part, certains sites internet proposent même d’aller en jardinerie acheter des mélanges de graines. D’autres vendent des kits complets, allant ainsi contre l’une des idées premières de la guérilla gardening.

Un manque de formation

Ne faut-il pas développer un peu plus les bases de connaissances sur le végétal mis à disposition des lanceurs de « seedballs ». Aidons les à devenir des acteurs du paysage informés et conscients de l’éventuelle portée de leurs actes. Il ne s’agit pas ici d’un simple geste militant comme on tend à vouloir le faire croire, ni d’un jeu rigolo. Contrairement à ce qu’annonce « Prise de Terre« . Le fait que le jardin du voisin ne vous plaise pas, n’est pas une juste cause pour y lancer vos graines. Au-delà du côté juridique qui, en France, n’est pas des plus sévères avec les lanceurs de graines, c’est avec le bien commun, qu’il peut y avoir contre utilité…

En France le changement sur la préservation de la biodiversité est engagé, la loi « biodiversité » est actée, les semences du domaine public ont dorénavant droit de citer. A nous de savoir en faire bon usage pour le bien de tous. Essayons de faire changer les mentalités, sans endosser l’image contre productive des candides maladroits.

Informations

Pour en savoir un peu plus sur la « Guerilla gardening » :

Pour en savoir un peu plus sur les graines indigènes :

Quelques adresses locales :

mais aussi :

Lien pour les invasives :